Deuxième partie de la conférence du 3 décembre de Gérard Piouffre, historien de la Marine, auteur d’un ouvrage intitulé "La guerre russo-japonaise sur mer" publié aux éditions " Marines-Édition" en 1999.
Ce fut une guerre déclenchée par erreur, les Japonais craignant pour l’intégrité de leur territoire, les Russes cherchant simplement un terminus maritime pour leur Transsibérien. La guerre russo-japonaise, c’est d’abord l’échec de la diplomatie ; c’est aussi un conflit meurtrier qui, sur bien des points, préfigure les combats meurtriers de la première guerre mondiale.
La marche à la guerre
Après être resté longtemps refermé sur lui-même, le Japon accède à l’ère industrielle en 1867. En même temps, il se dote d’une armée puissante et d’une force navale calquée sur les marines occidentales. Ses arsenaux sont construits par l’ingénieur français Émile Bertin, ses navires proviennent de France et d’Angleterre et ses cadres ont été formés en Grande-Bretagne.
En 1895, le Japon parvient à battre la Chine. Le traité de Shimonoseki qui termine le conflit lui procure de substantiels avantages, mais sous la pression de la France, de l’Allemagne et de la Russie, le Japon doit rendre une partie de ses conquêtes continentales. Deux ans plus tard, la Chine accorde à la Russie, un bail de 25 ans sur Port-Arthur et la péninsule de Liao-Toung. À la même époque, la Compagnie forestière du Yalou se développe fortement. Les Japonais en sont très inquiets, car sous couvert d’activités purement commerciales, cette entreprise est une véritable « tête de pont » russe en Corée. Le maintien de cet organisme para-militaire sera l’une des causes directes de la guerre.
Le 30 janvier 1902, le Japon signe avec l’Angleterre un pacte stipulant que si l’un des deux pays entre en guerre contre une tierce nation, l’autre restera neutre et fera tout son possible pour dissuader les autres pays d’intervenir. En cas de généralisation du conflit, il est prévu que la Grande-Bretagne et le Japon mèneront la guerre conjointement et n’accepteront pas de signer une paix séparée.
Bien que l’entrée en guerre de l’Angleterre ne soit pas automatique, les Russes manifestent une appréhension d’autant plus compréhensible que leurs relations avec le Japon n’ont cessé de s’envenimer. Aussi décident-ils de renforcer leur flotte d’Extrême-Orient.
C’est ainsi qu’en mars 1903, les croiseurs Askold et Variag arrivent à Port-Arthur. Ils sont rejoints en mai par les cuirassés Osslyabla et Empereur Nicolas Ier. De leur côté, les croiseurs Aurora, Almaz et Dmitri Donskoï reçoivent l’ordre d’armer pour l’Extrême-Orient. Le vice-roi Alexéieff dispose alors de suffisamment de navires pour détacher le Variag à Chemoulpo en Corée, pour observer ce qui s’y passe. Arrivé le 10 décembre, le croiseur est rejoint le 18 par la canonnière Korietz.
L’attaque
Sur le plan diplomatique, la situation est devenue si détestable que la guerre peut éclater à n’importe quel moment. Le Tsar Nicolas II tient toutefois à ménager ses alliés en ne faisant pas figure d’agresseur. Le 8 janvier 1904, il adresse au vice-roi Alexéieff, le télégramme suivant : « Il est souhaitable que ne soit pas nous, mais les Japonais qui ouvrent les hostilités ».
Ces derniers s’y préparent activement. Le 5 février, quatre bataillons appartenant à la 12e division ont embarqué sur deux transports mouillés à Hayagi, près de Sassébo. Le 6, l’amiral Heihachiro Togo reçoit l’ordre de « commencer les opérations de guerre contre la Russie ». Au cours de la nuit, il donne lecture de son ordre général n° 1 : « Tous les navires de l’escadre appareilleront à neuf heures du matin et feront route vers la mer jaune pour attaquer les forces ennemies à Port-Arthur et à Chemoulpo ».
La flotte japonaise comprend 6 cuirassés modernes et 2 anciens, 8 croiseurs-cuirassés, 9 croiseurs-protégés, 8 croiseurs légers, 13 canonnières, 10 bâtiments garde-côtes, 22 contre-torpilleurs, 17 torpilleurs et 67 torpilleurs de défense mobile. Elle ne possède aucune réserve, ce qui l’obligera à laisser les côtes japonaises, pratiquement sans protection.
De son côté, la flotte russe d’Extrême-Orient aligne 7 cuirassés modernes, 4 croiseurs-cuirassés, 7 croiseurs protégés, 15 canonnières, 25 contre-torpilleurs, 10 torpilleurs et 7 torpilleurs de défense mobile. Elle n’a pas de réserve sur place, mais elle peut être renforcée par des navires venus de la Baltique.
Juste avant le début du conflit, la flotte russe d’Extrême-Orient est pratiquement équivalente à la flotte japonaise, sauf pour ce qui est des torpilleurs de défense mobile où son infériorité est manifeste. Ces minuscules bâtiments d’inspiration française sont pourtant sans grande valeur militaire, mais dans le monde entier, on sur-estime leur puissance. Ils vont donc jouer un rôle indirect considérable en persuadant les amiraux russes de garder leur flotte à l’abri des canons de Port-Arthur.
Togo qui ne se fait guère d’illusions sur l’efficacité des torpilleurs de défense mobile en a laissé la majeure partie au Japon et c’est avec des torpilleurs plus gros que dans la nuit du 8 au 9 février 1904, il envoie 10 bâtiments répartis en 3 flottilles, attaquer la flotte russe de Port-Arthur. Contrairement à ce qui a souvent été dit et écrit, les dégâts occasionnés par cette action sont insignifiants. Le cuirassé Retvizane, touché à l’avant, s’échoue sur un haut-fond, bloquant partiellement le goulet d’accès à la rade intérieure ; le cuirassé Tzesarevitch est atteint à l’arrière et le croiseur Pallada est frappé au niveau d’une soute à charbon. À Chemoulpo, les choses se passent un peu mieux pour les Japonais, puisque la flotte de l’amiral Uriu parvient à infliger d’importants dégâts au Variag et à la Korietz. Les deux navires se sabordent, pendant que les troupes nippones commencent à débarquer.
Le 9 février, Togo se présente devant Port-Arthur pour achever la flotte russe qu’il croit désemparée. Il est accueilli par une volée d’obus qui frappent plusieurs de ses navires. Le cuirassé Mikasa sur lequel il a mis sa marque est lui-même touché à l’arrière. Côté russe, le Novik est sévèrement avarié.
Togo décide alors d’embouteiller Port-Arthur en coulant des brûlots explosifs dans le goulet d’accès. Une première tentative effectuée le 23 février échoue de même qu’une deuxième attaque lancée le 26 mars. Entre-temps, l’amiral Kamimura est allé bombarder Vladivostok avec 7 croiseurs (6 mars). Il n’a fait que des dégâts insignifiants.
Les opérations en mer Jaune
Avec l’arrivée à Port-Arthur de l’amiral Stephan Osipovich Makaroff le 8 mars 1904, les Russes reprennent foi en la victoire. Le 9, un combat nocturne entre les torpilleurs des deux camps tourne à leur avantage et ce même jour, le bombardement de Port-Arthur par la flotte japonaise échoue complètement.
Malheureusement, le 13 avril, le cuirassé Petropavlosk heurte une mine et coule en quelques minutes, entraînant avec lui, l’amiral Makaroff et la quasi-totalité de son équipage. Ce jour-là, les Japonais ont gagné la guerre. Ils n’en prendront conscience que beaucoup plus tard, car ils vont vivre une période particulièrement difficile. Le 15 avril en effet, le croiseur Kasuga heurte une mine qui lui occasionne de sérieux dégâts. Ce même jour, le croiseur Myako est également coulé par une mine. Le 15 mai, les Japonais perdent de la même manière, les cuirassés Hatsuse et Yashima. La nuit précédente, les croiseurs Kasuga et Yoshino s’étaient heurtés. Le premier avait subi de très graves avaries ; le second avait coulé immédiatement.
Et les victoires russes se succèdent avec, du 12 au 20 juin, une fructueuse campagne des croiseurs de Vladivostok (Rossiya, Gromoboï et Rurik) qui coulent plusieurs cargos japonais, dont celui qui transportait l’artillerie de siège du général Nogi. Du 20 juillet au 1er août, ces mêmes croiseurs poussent l’audace jusqu’à entrer en baie de Tokyo où ils désorganisent complètement le trafic maritime ennemi. L’effet psychologique est d’autant plus grand qu’ils parviennent à regagner leur base sans être inquiétés.
Mais les succès de la marine russe viennent trop tard pour redresser une situation qui à terre, est devenue désespérée. Le 20 avril en effet, la 1re armée japonaise a traversé le Yalou. Elle s’est ensuite dirigée vers le Nord pour couvrir le débarquement des trois autres, à Pi-tsé-ouo d’abord, puis à Dalny, port de commerce proche de Port-Arthur. La forteresse est bientôt encerclée et le 7 août 1904, la flotte est bombardée pour la première fois par l’artillerie de terre japonaise. Le 10 août, elle appareille pour tenter de rejoindre Vladivostok, mais à la suite d’une bataille indécise, les cuirassés regagnent Port-Arthur. Le Tzesarevitch parvient néanmoins à rejoindre le port allemand de Kiao-Chéou, les croiseurs Askold et Diana se réfugient à Saïgon et le Novik se saborde à Sakkaline.
Lorsque Port-Arthur tombe le 2 janvier 1905, les navires russes qui n’ont pas été détruits par l’artillerie nippone se sabordent. Togo regagne alors le Japon pour y faire réparer ses bâtiments. La flotte est prête le 1er avril et elle prend position à Masampho, au Sud de la péninsule coréenne.
Le tour du monde de la deuxième escadre
Le 17 mars 1904, la presse internationale est informée que la flotte russe de la Baltique se prépare à appareiller pour l’Extrême-Orient. Pompeusement rebaptisée « Deuxième escadre du Pacifique », elle est loin d’être prête et elle ne quittera Libau que le 11 octobre. L’amiral Rojestvensky en assure le commandement. Il a sous ses ordres 7 cuirassés modernes, 4 croiseurs protégés, 2 croiseurs légers, 8 contre-torpilleurs et 7 navires auxiliaires. Une force dite de soutien appareillera dès qu’elle sera prête. Elle comprend 2 croiseurs légers, 2 croiseurs auxiliaires et 5 contre-torpilleurs. L’envoi d’une troisième escadre est décidé le 16 décembre. Elle sera composée du vieux cuirassé Empereur Nicolas Ier qui n’avait pu rejoindre l’Extrême-orient avant la guerre, de l’antique croiseur cuirassé Vladimir Monomakh et les cuirassés garde-côtes Amiral Séniavine, Amiral Ouchakoff et Amiral Apraxine. Comme la force de soutien, cette escadre partira dès qu’elle sera prête.
Un peu avant son appareillage, Rojestvensky a reçu des renseignements inquiétants des services secrets russes. Des équipages japonais se seraient apparemment rendus discrètement en Angleterre pour y prendre livraison de plusieurs torpilleurs et ils prépareraient une attaque de la deuxième escadre au sortir de la Baltique. Rojestvensky a pris ces informations très au sérieux. Elles vont jouer un grand rôle dans l’incident du Dogger Bank. Dans la nuit du 20 au 21 octobre 1904 en effet, l’escadre passe à proximité d’une flottille de chalutiers britanniques et persuadés qu’elle dissimule des torpilleurs nippons, les Russes ouvrent le feu. Le chalutier Crane est coulé, cinq autres sont atteints et plusieurs pêcheurs sont tués. Par la suite, une commission internationale établira que les torpilleurs japonais n’ont jamais existé autre part que dans l’imagination des marins russes. Avec le recul du temps, il est toutefois permis de se poser la question, car nous savons aujourd’hui que même à leurs alliés britanniques, les Japonais ne disaient pas tout. Alors, attaque réelle ou phénomène d’hallucination collective ? Dans l’état actuel de nos connaissances, nous ne pouvons répondre à cette question.
Le 26 octobre, Rojestvensky arrive à Vigo où en raison de l’émotion provoquée par l’affaire du Dogger Bank, il reste bloqué jusqu’au 1er novembre. Il fait ensuite escale à Tanger du 3 au 5 novembre 1904. L’escadre se sépare alors en deux divisions. Rojestvensky contournera l’Afrique avec les cuirassés qu’il ne veut pas risquer dans les eaux dangereuses du canal de Suez. De son côté, l’amiral Felkersam entrera en Méditerranée avec le Sissoï Veliki, le Navarin, la Svieltana, le Jemtchug et l’Almaz. Il prendra au passage, 5 croiseurs auxiliaires, 5 transports et 7 torpilleurs venus de la mer Noire, puis après avoir franchi le canal de Suez, il retrouvera l’escadre à Diego-Suarez.
Du 12 au 15 novembre, Rojestvensky fait relâche à Dakar où la France, bien qu’alliée de la Russie, lui fait savoir qu’elle ne l’autorisera plus à se ravitailler dans ses eaux territoriales. Rojestvensky fait donc embarquer un maximum de charbon sur ses navires, au risque de compromettre leur stabilité. L’escadre fait successivement escale à Great-Fish-Bay (possession portugaise) le 6 décembre et à Angra-Pequeña (possession allemande) le 11. Le cap de Bonne-Espérance est doublé dans la nuit du 19 au 20 décembre et le 29, les cuirassés russes relâchent à Sainte-Marie (Madagascar). Ils en repartent le 6 janvier 1905 pour atteindre Nossi-Bé, au Nord-Ouest de l’île.
Ayant appris la nouvelle de la chute de Port-Arthur, Rojestvensky compte rejoindre directement Vladivostok avec ses meilleurs cuirassés, sans attendre ses bâtiments les plus lents. De là, il s’efforcera de remporter une victoire décisive contre la flotte japonaise, puis il utilisera la force de soutien et la troisième escadre pour s’assurer définitivement la maîtrise de la mer du Japon. Ce plan est d’autant plus facilement réalisable que les navires ennemis sont en réparation au Japon. Si les Russes rejoignent l’Extrême-Orient avant le 1er avril 1905, ils peuvent donc changer le cours de la guerre.
Rojestvensky en sera empêché par un télégramme de l’amirauté lui ordonnant d’attendre ses renforts. L’escadre n’appareillera donc que le 16 mars, trop tard !
Le 5 avril, elle franchit le détroit de Malacca. Le 12, elle charbonne en haute mer, mais le lendemain, l’Alexandre III signale un déficit de 600 tonnes de charbon. La mort dans l’âme, Rojestvensky doit faire escale à Kam-Ranh (Viêt-Nam). Il y reste jusqu’au 22 avril, puis les autorités françaises lui ayant fait savoir qu’il était indésirable, il se réfugie à Vanfong. Le 9 mai, il y est rejoint par la troisième escadre de l’amiral Nebogatoff. La flotte russe appareille le jour même pour Vladivostok, via le détroit de Tsoushima et la mer du Japon.
La mort au bout du voyage
Le 18 mai, la flotte se ravitaille en haute mer, puis elle adopte l’ordre de marche suivant : En tête le croiseur Svieltana, puis immédiatement derrière, l’Almaz et l’Oural. Les cuirassés suivent sur deux colonnes : à gauche, le Nicolas Ier, l’Apraxine, le Séniavine et l’Ouchakoff ; à droite, le Souvaroff, l’Alexandre III, le Borodino et l’Orel. De part et d’autre, les croiseurs légers Izumround et Jemtchug suivis des quatre torpilleurs de la 1re flottille. Derrière, sur trois colonnes : à gauche, l’Oleg, l’Aurora, le Donskoï et le Monomakh ; au centre, les transports Anadyr, Irtish, Koréia et Kamtchatka, puis les remorqueurs Rouss et Svyr ; à droite, l’Osslyabia, le Sissoï Veliki, le Navarin et le Nakhimov. En arrière-garde, les cinq torpilleurs de la 2e flottille et fermant la marche, les navires-hôpitaux Orel et Kostroma.
Le 27 mai à 04 h 30, le navire-hôpital Orel est repéré par un croiseur auxiliaire japonais, mais la bataille ne commence que vers 13 h 50. Les Russes viennent de franchir le détroit de Tsoushima. Ils se sont reformés en une seule colonne et Togo qui fait route en sens inverse fait aussitôt virer de bord pour engager le combat en lignes parallèles. C’est une erreur, car la giration prend un bon quart d’heure et pendant ce temps, les navires japonais se masquent les uns les autres. Ils ne peuvent donc riposter au feu des canonniers russes auxquels ils offrent des cibles magnifiques. Un peu de chance, quelques obus bien placés et Tsoushima est une victoire russe !
Malheureusement, les canonniers de Rojestvensky manquent d’entraînement et malgré quelques coups au but, ils ne parviennent pas à infliger des dommages décisifs à leurs adversaires.
La suite est un véritable carnage, les bâtiments russes étant détruits les uns après les autres. Nebogatoff qui est resté loin en arrière parvient à franchir le détroit à la faveur de la nuit, mais au matin du 27, il se heurte à la muraille que forment les 27 navires de la flotte japonaise. Et comme ses canons portent moins loin que ceux de son adversaire, il choisit de se rendre pour éviter la destruction.
À Sassébo où il est débarqué dans l’après-midi du 30 mai l’amiral Rojestvensky est pris en charge par les médecins japonais et c’est probablement de leurs bouches qu’il apprend le sort final de son escadre. Le bilan est particulièrement désastreux ; il s’établit comme suit :
Ligne de bataille (12 bâtiments) : Osslyabia, Alexandre III, Borodino, Souvaroff ; coulés dans la journée du 27. Navarin ; coulé dans la nuit du 27 au 28. Sissoï Veliki, Nakhimoff, Ouchakoff ; coulés dans la journée du 28. Orel, Nicolas Ier, Apraxine, Séniavine ; se sont rendus à l’ennemi le 28.
Croiseurs (8 bâtiments) : Monomakh, Donskoï, Svieltana ; coulés dans la journée du 28. Izumround ; échoué sur la côte sibérienne. Oleg, Aurora, Jemtchug ; internés à Manille. Almaz ; a rejoint Vladivostok.
Contre-torpilleurs (9 bâtiments) : Buiny, Buistry, Bezupreshchny, Gromky, Blestiashchy ; coulés dans la journée du 28. Biedovy ; s’est rendu à l’ennemi le 28 ; Bodry ; interné à Shanghai ; Grosny, Bravy ; ont rejoint Vladivostok.
Transports et navires auxiliaires (7 bâtiments) : Kamtchatka, Oural, Rouss ; coulés dans la journée du 27. Irtish ; échoué dans la journée du 28 ; Koreia, Svyr ; internés à Shanghai ; Anadyr ; a rejoint Madagascar.
Navires-hôpitaux (2 bâtiments) : Orel, Kostroma ; capturés le 27.
Les pertes en vies humaines sont également très lourdes ; elles s’établissent comme suit :
Tués ou portés disparus : 216 officiers et 4 614 hommes ;
Prisonniers : 278 officiers et 5 629 hommes ;
Internés dans des ports neutres : 79 officiers et 1 783 hommes ;
À Vladivostok ou à Diego Suarez sur leurs propres navires : 62 officiers et 1 165 hommes.
Ces chiffres sont à rapprocher des pertes japonaises :
3 torpilleurs coulés dans la nuit du 27 au 28 ;
8 torpilleurs mis hors combat dans la nuit du 27 au 28 ;
117 tués ou portés disparus - 583 blessés.
Pour conclure
Au cours de cette guerre, les marins russes n’ont nullement démérité, même si techniquement, ils se sont souvent montrés inférieurs à leurs adversaires japonais. La chance n’était pas non plus dans leur camp, car sans la perte de l’amiral Makaroff, peut-être eussent-ils pu changer le cours des choses. La chance leur a également fait défaut à Tsoushima, au moment où Togo a commis l’inexplicable erreur qui aurait dû lui faire perdre la bataille.
Aujourd’hui, la guerre russo-japonaise semble bien lointaine et personne ou presque ne sait situer Port-Arthur sur une carte. Mais l’extraordinaire tour du monde des marins russes reste gravé dans nos mémoires. Et si pour les Russes, la bataille de Tsoushima se termine en désastre, nul ne saurait nier que cette défaite est largement aussi glorieuse qu’une victoire. Il nous appartenait de le rappeler.