LA CATASTROPHE DE MESSINE

Voici quelques extraits du témoignage de G. V. BAKHTINE, garde marine sur le « Slava », illustrés des photos prises par N. I. EVGENOV, enseigne sur le croiseur « Amiral Makarov ».

Article mis en ligne le 1er février 2009
dernière modification le 14 juillet 2009

par masha, paulloukine

Je tiens à remercier les petits enfants de N. I. EVGENOV qui sont les propriétaires des photos, Victor BORKINE - l’organisateur de la conférence des descendants des « Officiers de Messine » qui les a mis à notre disposition et Natalia SOLOVIEVA qui est mon contact.

Paul Loukine

LES OPERATIONS DE SAUVETAGE PAR LA FLOTTE RUSSE

Voici quelques extraits du témoignage de G. V. BAKHTINE, garde marine sur le « Slava », illustrés des photos prises par N. I. EVGENOV, enseigne sur le croiseur « Amiral Makarov ».

- EVGENOV Nikolaï Ivanovitch (1888-1964), était garde marine sur le « Slava » en 1908, plus tard – hydrographe, explorateur polaire. Auteur de « ça s’est passé à Messine » // Journal Neva 1958. p. 185-187.
- BAKHTINE Gueorguï Vassilievitch (1888–1949), était enseigne sur le croiseur « Amiral Makarov » en 1908. Il édita son témoignage dans « Morskoj journal » N° 12, 1933. Émigré au Danemark après la révolution.



L’escadre vient d’arriver. Les incendies déclenchés par le tremblement de terre ne sont pas encore éteints.

« Le matin du jour suivant » (il s’agit du 29 décembre 1908) « nous entrâmes dans le détroit de Messine et vîmes à la jumelle une destruction terrible. La ville, hier encore belle et superbe, était complètement détruite et seuls les murs nus des maisons dépassaient des amoncellements de pierres, de gravier et de plâtre.
Prévoyant que le tremblement de terre pouvait avoir modifié la profondeur de la rade et du port, l’amiral ordonna que chaque navire cherche son mouillage indépendamment et jette l’ancre en fonction des possibilités, là ou les commandants le trouvaient commode. Le navire « Slava » jeta l’ancre dans la rade, là où, d’après la carte, on devait trouver une hauteur d’eau acceptable. Mais, à l’étonnement général, l’ancre fila dans un abysse, rompant son câble et l’entraînant dans les profondeurs. Le relief du fond avait effectivement changé et, dans ces conditions, il était difficile de trouver un endroit pour le mouillage.
Le valeureux commandant de notre croiseur « Amiral Makarov », le capitaine de Vaisseau PONOMAREV, malgré le risque et les nombreuses petites embarcations qui gênaient la manœuvre, entra directement dans le port et, après une belle et hardie manœuvre, s’amarra au quai du port ce qui permit d’installer les passerelles.

C’était atroce de voir les ruines de la ville et ces visages de gens éperdus de terreur qui se précipitaient vers l’embarcadère pour nous demander de l’aide. L’équipage fut immédiatement réparti par groupes. Des pelles, des barres à mines et d’autres outils furent distribués ; on distribua de l’eau et des aliments et, pendant que les autres navires cherchaient un mouillage, nos gens partirent aider les malheureux ensevelis vivants. »



« Après nous être éparpillés en ville et, sur indication des proches, ou bien là ou nous entendions des gémissements venant de sous la terre, nous commençâmes à creuser. La première personne que j’ai pu sauver était une jeune fille ensevelie profondément sous les décombres. Elle était couverte de blessures et suppliait qu’on lui donnât à boire. On la lava, on lui donna à boire et, après avoir pansé ses plaies, la dirigeâmes vers le navire, puisque tous les hôpitaux et maisons étaient détruits ».

« Ce jour là, avant l’arrivée de la flotte Italienne, nous, Russes, étions maîtres de la ville de Messine, aidions la population et maintenions l’ordre en ville. En tout, le personnel de l’escadre sauva 10 000 * personnes parmi lesquelles il y avait de nombreux blessés. » 


 


Embarquement des blessés.

« Nous travaillâmes sans fatigue ni répit jusqu’à ce que vers la fin du jour, nous entendîmes les sifflets d’appel de notre croiseur. Nous le regagnâmes et il s’avéra que près de 600 personnes gravement blessées étaient à bord. L’Amiral nous donna l’ordre de les transporter à Naples. »


photo de la promotion "Messine"

* Ce nombre est surévalué. Il est traditionnellement admis que 2000 personnes furent sauvées par les Russes. [Paul LOUKINE]


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